One More Chance

Ce n’est la faute de personne. Je ne suis simplement pas assez forte. Je me détruis moi-même, cherchant peut être à ressentir quelque chose de nouveau. J’ai si honte de moi. Tout le monde me voyait comme quelqu’un d’heureux. Qui avait toujours le sourire, qui épaulait les autres. J’étais là pour tout le monde. Je ne détestais personne, je voulais faire le bien autour de moi. Et des mots, de simples mots, qui passent, et repassent, des cris, étouffés par le son de la musique qui brise mes tympans, cette envie de vomir, constante, des mensonges, par centaines qui me protègent de ma vérité. Ce n’est la faute de personne. Personne. C’est moi la personne à blâmer. Pas celui-ci ou celui-là. Je m’en sortirais. Je m’en sors toujours. Parfois lamentablement, parfois brillamment. Ce n’est qu’une étape. Bientôt, j’ouvrirais les yeux, je mangerais comme avant, j’aurais ces anciennes envies, l’inspiration reviendra, je danserais le matin à l’arrêt de bus, je retournerais au lycée le sourire aux lèvres, je serais heureuse, ou tout du moins, j’arriverais à faire semblant. Je n’aurais plus peur. Je serais honnête. Peut-être au risque d’être blessante, ou de perdre des gens. Ou alors, je ne serais que l’ombre de moi-même, une ombre dans laquelle je me fondrais pour ne faire qu’un avec elle. La dépression était, à mes yeux, produite par des gens qui voulaient se faire remarquer, qui n’était pas assez fort. Je ne les comprenais pas. Je les jugeais durement. Aujourd’hui, c’est moi qu’on doit juger durement. Parce que je suis la preuve qu’il faut vivre avant de parler. Ce n’est pas la fin demain. J’arriverais peut être à vivre plus loin que les 18 ans. Même si je ne suis pas sûr que cela soit une chose que j’ai envie. Je ne sais pas ce que j’ai envie. J’ai peur de m’endormir, et je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que j’ai peur que ce soit pire à mon réveil ? Que je suis plus mal que la veille. Que les courts instants de bonheurs se sont évanouis dans ma mémoire ? Que je serais le souci de certaines personnes ? J’aimerais être invisible, forte, indestructible… Mais je suis simplement humaine, j’ai peur de décevoir, de blesser, de ne pas être acceptée. Je voudrais ne faire du tort à personne. Car voir les gens tristes de me voir ainsi me rend encore plus malade. Me donne des nausées plus terrible. J’écoute de la musique. Encore et encore. J’essaye de ne plus m’inquiéter de l’avenir. Mais je n’y arrive pas. Je n’arrive à rien. Je ne veux pas mener les choses à termes. Parce qu’une fois qu’elles seront terminées, que devrais-je faire après ?

L’enregistrement s’arrêta. Cette séance avec une psychiatre fut la dernière fois où l’on entendit la douce voix de Rebecca Jackson. Elle fut renversée par une voiture en traversant au passage piéton. Cette voiture était déstabilisée par le feu qui se propageait à l’est de Los Angeles. Et comme quelques milles autre personnes, Rebecca décéda, alors que ce n’était probablement pas son tour. Les survivants, eux, ont préférés fuir la cité des anges pour Sydney, capitale économique de l’Australie, ses kangourous, ses koalas et son climat agréable. Etroitement reliée à Los Angeles, la ville vécu dès lors un évènement inédit. Dès leur arrivée, des choses étranges se passèrent : En effet, ce qu’ils avaient de plus cher au monde et qu’ils ont perdu dans cet incendie, ils le retrouvent dans la ville de l’Opéra. Un ami proche de mort ? Son quasi sosie apparait pour nous sortir d’une passe difficile. Un amant disparu ? Le coup de foudre dans un bar pour cet homme dont les traits rappellent votre cher et tendre. Personne ne comprends ce phénomène étrange, quoiqu’il en soit, il est là : La vie leur offre une seconde chance, qui la laisserait passer ?